Guy Gilbert
“Le deuil du chien”
Je me souviens de Christian. Quand son chien, compagnon de tous ses instants, a disparu, il a vécu huit jours d’angoisse. C’est moi qui ai retrouvé le cadavre de l’animal et qui lui ai appris la nouvelle. Fou de douleur, il a couru vers la dépouille à demi dévorée par les vers. Il l’a étreinte longuement. Puis sa colère a éclaté.
Il aurait massacré celui qui aurait osé faire la moindre réflexion malheureuse.
Il est parti le lendemain avec ce seul commentaire : « Je suis mort depuis hier. » Sa délinquance qu’on avait réussi à stopper a pris, dès son retour à Paris, une rare ampleur. Je l’ai suivi régulièrement en prison. À chaque parloir, il me reparlait de son chien. Par la suite, Christian a réussi à refaire son nid et a trouvé une vie harmonieuse. »